Douala : clap de fin sur l’atelier stratégique pour la gestion durable des forêts d’Afrique centrale
Après quatre jours de formation intensive, les participants à l’atelier sur la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale ont reçu leurs parchemins, vendredi 30 mai 2025 à Douala, au Cameroun. Sous la houlette du Dr Mamadou Diallo, formateur principal de Setym International (Canada), l’événement a mis l’accent sur le renforcement des capacités en montage de projets et en attractivité des financements.

Pendant près d’une semaine, une trentaine de jeunes chercheurs, doctorants, post-doctorants et acteurs de terrain venus de plusieurs pays d’Afrique centrale ont été outillés sur les mécanismes de financement, les stratégies de plaidoyer et les outils de gestion durable. Un moment phare du programme d’appui à la recherche appliquée en écologie et en sciences sociales, mis en œuvre depuis 2022 par le CIFOR et l’ICRAF, avec le soutien de l’Union européenne.

Travailler ensemble, main dans la main
Dr. Axono, responsable du renforcement des capacités au sein du CIFOR-ICRAF, souligne l’urgence d’une coopération renforcée :

« Si nous visons à aller plus loin, nous devons continuer à travailler ensemble. Cela signifie que les acteurs du Nord et du Sud doivent se donner la main pour réfléchir à des projets novateurs. Gérer durablement les ressources, c’est éviter leur disparition. Le CIFOR-ICRAF veut être ce catalyseur qui fédère les chercheurs autour d’une vraie stratégie de changement. »
Selon lui, seule une dynamique collective et inclusive permettra de construire des projets bancables susceptibles d’attirer les bailleurs internationaux et d’impacter réellement le terrain.
L’art du montage de projet comme levier d’action
Dr. Stéphane MOMO, post-doctorant au sein du réseau RESSAC et participant à la formation, se dit transformé par l’expérience :

« Cette formation nous a dotés des ingrédients nécessaires pour élaborer des projets solides. On nous a appris à construire un cadre logique, à rédiger des notes d’intention percutantes. Jusqu’ici, beaucoup de nos projets étaient rejetés par les guichets de financement comme la BAD ou la Banque mondiale. Désormais, nous savons comment mieux formuler nos propositions. »
Il insiste sur l’importance de la formation dans le contexte spécifique du bassin du Congo, considéré comme le deuxième poumon vert mondial mais largement sous-financé.
Des constats alarmants, mais un espoir renouvelé
Professeure Marie Louise Avana, adjointe à la coordination du bureau CIFOR, rappelle les conclusions d’une étude menée dès 2017 sur le faible niveau des flux financiers destinés à la forêt d’Afrique centrale :

« Malgré les engagements issus de l’Accord de Paris ou du Pacte de Glasgow, les financements restent nettement insuffisants comparés à ceux reçus par d’autres bassins forestiers du monde. C’est pourquoi ce programme RECCA, avec l’appui de l’Union européenne, vise à renforcer les compétences des chercheurs pour rendre leurs actions plus pérennes. »
Elle plaide pour un meilleur alignement entre les besoins du terrain, les capacités locales de formulation de projets, et les critères des bailleurs de fonds.
Un programme ancré dans la recherche et l’action
Ce programme d’appui (2022–2025) mobilise les universités et instituts de recherche d’Afrique centrale et de l’Union européenne. Il implique des chercheurs expérimentés, des post-doctorants et des étudiants de master, en appui direct aux acteurs de terrain : administrations, gestionnaires de forêts et d’aires protégées, opérateurs agro-industriels ou encore ONG communautaires.

Outre les aspects purement académiques, les thématiques de recherche abordées couvrent un large spectre : de la foresterie sociale à l’évaluation des systèmes agroforestiers, en passant par les mécanismes de consentement local, la gestion communautaire des aires protégées ou la restauration des forêts exploitées.
Une dynamique à poursuivre
La cérémonie de clôture s’est achevée par une remise officielle des parchemins, dans une atmosphère de fierté et d’engagement renouvelé. Pour Dr. Diallo, qui a dirigé les travaux, « il ne s’agit pas seulement d’une formation, mais d’un point de départ pour des partenariats plus solides entre scientifiques, acteurs de terrain et bailleurs. »
Dans un contexte où la préservation des écosystèmes forestiers devient cruciale face à la crise climatique, l’Afrique centrale, forte de ses chercheurs engagés, entend bien faire entendre sa voix et faire valoir ses solutions.
Afric-eco/Brigite EMAMBO MBONDY


