Qualité de l’air à Douala : un enjeu de santé publique et de compétitivité économique

La capitale économique camerounaise vient d’engager un virage stratégique dans sa quête d’un développement durable. Le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) a validé le 11 août 2025, lors d’un atelier, les résultats d’une étude diagnostique sur la qualité de l’air. Objectif : mieux comprendre les sources de pollution pour agir efficacement, préserver le capital humain et renforcer l’attractivité économique de la ville.

« La pollution de l’air en milieu urbain n’est pas qu’une question environnementale. C’est aussi un frein à la productivité et à la compétitivité », rappelle le Secrétaire général du MINEPDED dans son allocution d’ouverture. Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 80 % des citadins sont exposés à des niveaux dangereux de pollution atmosphérique. Douala n’échappe pas à cette réalité : l’étude révèle que le transport routier, l’industrie, les activités portuaires et la combustion domestique sont responsables de la majorité des émissions nocives, entraînant plus de 500 décès prématurés par an.

Pour Aoudou Joswa, Directeur des Normes et Contrôle, les données obtenues grâce aux campagnes de mesures sont sans appel : « Les particules fines, le monoxyde de carbone et le dioxyde d’azote proviennent principalement du secteur des transports et des zones industrielles comme Bonaberi et Bassa. Ce diagnostic est essentiel pour orienter nos choix et fixer des priorités. »

Le plan d’action élaboré se décline en trois axes :

Réduire les émissions à la source : moderniser le parc automobile, introduire des carburants moins polluants, équiper les industries de filtres performants et limiter l’usage de la biomasse et le brûlage à l’air libre.

Réorganiser la ville pour limiter les flux polluants : création de zones à faibles émissions, extension des transports en commun, développement d’espaces verts.

Renforcer la sensibilisation et les capacités institutionnelles face aux risques de la pollution.

Pour M. Simo Édouard Ekoto, Directeur de l’Environnement et de la Santé à la Communauté urbaine de Douala, cette feuille de route s’inscrit dans une vision à long terme : « Pour qu’une ville soit durable et résiliente, il faut connaître avec précision son niveau de pollution, agir progressivement et mesurer l’impact des actions. C’est un investissement dans la santé, mais aussi dans l’économie ».

Ce programme s’aligne sur la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 et sur l’Objectif de Développement Durable n° 11, qui prône des villes inclusives, sûres et durables. Au-delà de la réduction des maladies liées à la pollution, il s’agit aussi de rendre Douala plus attractive pour les investisseurs, les industries à faible empreinte carbone et le tourisme.
Car dans l’économie moderne, respirer un air plus pur est aussi… un avantage concurrentiel.

Afric-eco/Nathalie MENGATA

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