“Le ministre de la communication met en garde contre les commentaires et analyses concernant un éventuel coup d’État militaire au Cameroun” : atteinte à la liberté d’expression ou mesure préventive ?

Le Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel SADI, a récemment mis en garde contre les commentaires et analyses concernant un éventuel coup d’État militaire au Cameroun, tant dans les réseaux sociaux que dans les médias. Cette mise en garde fait suite à une recrudescence de déclarations musclées de certains organes de presse, tels que le journal The Post, qui affirmait en une que près de 60% des Camerounais étaient favorables à un coup d’État.

Cependant, cette intervention du ministre SADI est qualifiée de musellement de la presse camerounaise et constitue une atteinte à la liberté d’expression, selon le directeur de publication du journal La Dépêche de l’Est, André Christel FANGA. Selon lui, les avertissements et déclarations du ministre visent à empêcher toute analyse allant dans le sens d’un coup d’État au Cameroun, que ce soit de la part de journalistes, de panélistes ou d’acteurs de la société civile, politique et économique. Il estime que cela revient à vouloir faire taire les Camerounais et les empêcher de prendre part à un débat qui fait rage en Afrique et dans le monde entier.

Ces derniers temps, les coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, considérés comme des renversements de l’ordre constitutionnel dans certains pays africains, sont régulièrement analysés par ces experts. Yaoundé ne souhaite donc pas que son peuple soit abruti ou assimilé à de telles doctrines ou idéologies.

Il est vrai que l’assimilation du peuple existe depuis longtemps grâce au quatrième pouvoir, ce n’est donc pas une nouveauté sur cette terre. Cependant, la question qui se pose est la suivante : l’État camerounais pourrait-il être un gendarme derrière chaque citoyen pour l’empêcher de parler d’un tel sujet ? Pourquoi Yaoundé a-t-il peur ? Selon le spécialiste politique André Christel FANGA, l’État camerounais agit de manière préventive pour éviter certains dérapages, mais de manière déontologique et cohérente avec la loi et la constitution, on ne peut pas empêcher les uns et les autres d’en parler. C’est donc un coup d’épée dans l’eau.

La liberté d’expression existe au Cameroun à travers la démocratisation de l’information, mais également grâce à la loi de 1990 sur la liberté d’expression et d’association, qui permet à chacun de prendre la parole ou d’adhérer à une association. Cependant, cela ne doit pas ouvrir la porte au libertinage, selon André Christel FANGA.

Il est important de noter que dans cette note du porte-parole du gouvernement, des poursuites judiciaires sont envisagées à l’encontre des analystes et commentateurs qui tenteraient de déstabiliser le Cameroun.

Afric-eco

Jeannine YONGO ETHA

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