Douala : Vaste opération de désengorgement au marché Nkoulouloun
DOUALA – Une opération de démolition massive, présentée comme une action de “désengorgement” par la mairie de Douala 2ème, a semé le chaos ce jeudi matin au marché Nkoulouloun.
Plus de 2000 comptoirs ont été rasés le long du Boulevard des Nations Unies, laissant des centaines de commerçants dans le désarroi et soulevant des questions sur les méthodes employées par les autorités locales.
Une action brutale et contestable
Sous la direction de Zakari Housseni, 2ème adjoint au maire, les engins de démolition ont fait irruption aux premières lueurs du jour, prenant de court la majorité des commerçants. Cette intervention, qualifiée de lutte contre le désordre urbain par M. Housseni, révèle une approche brutale et peu concertée de l’aménagement urbain.
“Nous avons procédé à des casses pour libérer la voie et faciliter la mobilité des citoyens”, a déclaré M. Housseni, ignorant apparemment les conséquences socio-économiques de cette action sur les familles dépendant de ces petits commerces.
Des promesses floues et un manque de planification
Les autorités promettent vaguement que les commerçants cassés seront organisés dans les normes de la loi, sans fournir de détails concrets sur les solutions de relogement ou de compensation. Cette absence de plan clair soulève des doutes sur la préparation et la légitimité de l’opération.
Une communication défaillante et des accusations de tromperie
Les témoignages recueillis sur place révèlent un grave déficit de communication. William Djada, un commerçant affecté, affirme : “Ils nous ont donné des papiers hier pour nous demander de nettoyer les dessous des comptoirs, mais ce matin, ils sont venus tout casser.” Cette contradiction flagrante entre les instructions données et les actions menées témoigne d’un mépris inquiétant pour les droits et la dignité des commerçants.
Des pertes économiques considérables et non compensées
Mme Kamwa Adeline, vendeuse de chaussures pour enfants, illustre le drame vécu par de nombreux commerçants : “Ils ont cassé avec les marchandises dedans. Qui va payer les pots cassés ?” Cette question reste sans réponse, mettant en lumière l’absence de considération pour les pertes économiques subies par ces petits entrepreneurs.
Un cycle de destruction sans solution durable
Certains commerçants, résignés, évoquent leur intention de réinstaller leurs étals, soulignant que ce type d’opération n’est pas une nouveauté. Cette situation cyclique révèle l’échec des politiques urbaines à trouver des solutions durables au commerce informel, pourtant vital pour l’économie locale.
Une vision à court terme de l’aménagement urbain
Alors que la mairie se félicite de faire ressortir l’éclat de l’arrondissement cette opération semble ignorer les réalités socio-économiques complexes de Douala. L’absence de solutions alternatives pour les commerçants évincés risque d’exacerber les problèmes de pauvreté et de chômage, plutôt que de les résoudre.
Conclusion : Un besoin urgent de dialogue et de planification inclusive
Cette opération controversée au marché Nkoulouloun met en lumière les défaillances d’une approche autoritaire de l’aménagement urbain. Elle souligne l’urgence d’un dialogue réel entre les autorités et les acteurs de l’économie informelle, ainsi que la nécessité d’une planification urbaine inclusive qui prenne en compte les besoins de tous les citoyens, y compris les plus vulnérables.
La mairie de Douala 2ème, dirigée par Me Denise Fampou, devra répondre de ses méthodes et proposer des solutions concrètes pour éviter que ce genre de destruction ne se reproduise, au risque de creuser davantage le fossé entre les autorités et une population déjà éprouvée par les difficultés économiques.
Afric-eco/Etienne MONTHE