Mission de la CEMAC en Scandinavie : une tournée diplomatique aux résultats mitigés

Un engagement nordique prometteur, mais des incertitudes persistantes

La récente tournée du Président de la Commission de la CEMAC, S.E. Baltasar Engonga EDJO’0, en Scandinavie et à Paris, du 3 au 9 février 2025, s’inscrit dans une stratégie de diversification des partenariats économiques. L’objectif affiché : attirer des financements et favoriser l’intégration régionale de la CEMAC. Si des perspectives intéressantes ont émergé de ces échanges, plusieurs interrogations demeurent quant à leur concrétisation et leur impact réel sur le développement de la sous-région.

Des promesses de financement, mais sans engagements fermes

Les discussions avec les autorités danoises et norvégiennes ont mis en avant l’intérêt des investisseurs nordiques pour l’Afrique centrale. Le Fonds danois d’investissement pour les pays en développement (IFU) a exprimé son souhait de nouer un partenariat avec la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC). Un projet de création d’une représentation du fonds en Afrique centrale est également évoqué.

Toutefois, au-delà des déclarations d’intention, aucune annonce concrète de financement immédiat n’a été faite. L’histoire des relations entre la CEMAC et les bailleurs internationaux montre que de nombreux projets restent souvent bloqués par des lourdeurs administratives, des problèmes de gouvernance ou un manque de suivi institutionnel. L’engagement des investisseurs privés scandinaves devra donc être scruté dans les mois à venir pour évaluer la réelle portée de cette mission.

Une coopération énergétique encore floue

À Paris, le Président de la Commission a rencontré le Groupe WAGAS pour discuter d’un projet de marché de l’électricité dans la zone des trois frontières (Cameroun – Gabon – Guinée équatoriale). Ce projet, s’il se concrétise, pourrait répondre aux défis chroniques d’accès à l’électricité dans la sous-région. Cependant, les détails du financement et de la mise en œuvre restent vagues. La transition énergétique est un enjeu clé pour la CEMAC, mais les précédents projets d’électrification ont souvent souffert d’un manque de coordination et de transparence dans leur exécution.

Un succès diplomatique, mais quel impact concret ?

D’un point de vue diplomatique, la mission a permis de donner de la visibilité à la CEMAC et d’élargir son cercle de partenaires. Mais sur le terrain, les défis structurels de la sous-région – dépendance aux matières premières, faible diversification économique, intégration régionale poussive – nécessitent bien plus que des tournées de promotion.

Les États membres de la CEMAC devront rapidement transformer ces engagements en actions concrètes, sous peine de voir ces discussions s’ajouter à la longue liste des promesses non tenues. Une réelle réforme de la gouvernance et une meilleure structuration des projets seront essentielles pour espérer capter durablement l’attention des investisseurs nordiques.

Si cette mission a permis d’ouvrir des discussions et de sonder l’intérêt des partenaires nordiques, elle n’a pas encore abouti à des avancées tangibles. L’avenir nous dira si ces promesses se traduiront en investissements réels ou si elles resteront de simples effets d’annonce. Une chose est certaine : la CEMAC ne peut se contenter de diplomatie sans engagement ferme.

Afric-eco/Etienne MONTHE

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