Résilience climatique des villes côtières : l’Afrique centrale mutualise ses réponses économiques à Douala
La capitale économique du Cameroun a accueilli, la cérémonie d’ouverture du Forum sous-régional sur la résilience climatique des villes et écosystèmes côtiers d’Afrique centrale, une initiative portée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, en partenariat avec les acteurs institutionnels et sous-régionaux. L’événement réunit des maires de villes côtières, des cadres ministériels, des experts et des organisations régionales, autour d’un impératif commun : protéger un capital côtier vital pour la croissance et l’emploi.
Le littoral, pilier de la prospérité sous pression
Avec près de 3 600 km de littoral et plus d’un million de km² de zones économiques exclusives, les côtes d’Afrique centrale concentrent des secteurs clés : transport maritime, pêche, tourisme, agriculture et énergie. Or, l’élévation du niveau de la mer, l’érosion et les inondations menacent infrastructures, logements et systèmes productifs. « Les pertes économiques liées aux dégâts climatiques deviennent structurelles si l’adaptation n’est pas planifiée », a rappelé le coordonnateur sous-régional de la FAO à l’ouverture, situant l’atelier dans le sillage des engagements de la COP30 appelant à tripler les financements en faveur des pays en développement.
Des maires en première ligne
« L’érosion côtière touche de plein fouet Mayumba, comme Libreville, Port-Gentil ou Cocobeach. Cet atelier est l’occasion de partager des stratégies concrètes pour rendre nos villes véritablement résilientes. » à déclarer sans détour Judicaël Mbatcho, maire de Mayumba au Gabon
Un plaidoyer pour des solutions opérationnelles, capables de préserver l’attractivité urbaine et l’activité économique locale.
La science au cœur des décisions
Côté Cameroun, Paul Tcawa, Secrétaire général du MINEPDED et point focal du Fonds vert pour le climat, a insisté sur l’exigence de preuves :
« Les solutions durables doivent reposer sur des évidences scientifiques robustes : traits de côte, niveau de la mer, état des mangroves. Ces données, produites par l’ONAAC, conditionnent la viabilité des investissements d’adaptation. »
Une approche qui sécurise l’allocation des ressources publiques et l’accès aux guichets climatiques internationaux.
Adapter l’économie côtière

La FAO observe déjà l’impact de l’érosion sur l’agriculture urbaine, la pêche et les infrastructures portuaires. « Quatre grands projets de ports en eau profonde sont en cours dans la sous-région ; la résilience climatique doit être intégrée dès la conception », a expliqué le coordonnateur sous-régional. L’ambition : bâtir un programme régional associant universitaires, chercheurs, maires et points focaux, pour des solutions fondées sur la nature, inclusives et bancables.
Financer la résilience, un impératif
Un expert a résumé l’enjeu :
« Les milieux côtiers sont sensibles et très convoités. Face aux inondations, à l’érosion et à la pollution, nos pays doivent planifier ensemble et mobiliser des financements connectés à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, notamment le Fonds vert. »
La création d’un réseau sous-régional et d’une plateforme d’échanges vise précisément à accélérer la préparation de projets éligibles.
Douala, hub de la coopération
Choisie pour son accessibilité et son exposition aux agressions côtières (Manoka, zones portuaires), Douala s’affirme comme plateforme régionale de dialogue. Autour de la table : Gabon, Cameroun, Congo, Sao Tomé-et-Principe, Guinée équatoriale, RDC et Burundi (Bujumbura et Rumonge), unis par des défis communs.
Au terme des travaux (18-19 décembre 2025), les participants entendent poser les bases d’une note conceptuelle régionale, conciliant protection des écosystèmes, sécurité alimentaire et compétitivité des villes côtières. Une résilience pensée comme investissement stratégique, au service d’une croissance durable et inclusive en Afrique centrale.
Afric-eco/Etienne MONTHE



