Un navire-hôpital chinois accoste à Douala : entre diplomatie sanitaire et questions éthiques
Du 7 au 14 octobre 2024, le navire-hôpital chinois PEACE ARK fera escale au Port Autonome de Douala, selon une annonce du ministère de la Défense camerounais. Cette visite, présentée comme une initiative humanitaire, soulève néanmoins des interrogations sur les motivations sous-jacentes de Pékin.
Le gouvernement camerounais, sur Très Hautes Instructions du Chef de l’État, accueillera ce bâtiment militaire reconverti en hôpital flottant. Une gamme étendue de services médicaux sera proposée gratuitement, allant des opérations chirurgicales aux soins dentaires, en passant par la pédiatrie et la gynécologie obstétrique.
Bien que l’offre de soins gratuits soit indéniablement bénéfique pour la population locale, des observateurs s’interrogent sur les implications géopolitiques de cette opération. Certains y voient une manœuvre de soft power chinois, visant à renforcer l’influence de Pékin en Afrique centrale.
Par ailleurs, des questions se posent quant à la pérennité de telles interventions ponctuelles. Ne risquent-elles pas de masquer les carences structurelles du système de santé camerounais, plutôt que d’encourager des solutions durables ?
L’enregistrement des patients a déjà commencé dans plusieurs hôpitaux de Douala, dont l’Hôpital Militaire de Région N° 2 et l’Hôpital Laquintinie. Cependant, des inquiétudes subsistent concernant la capacité réelle du navire à répondre à l’afflux potentiel de patients et les critères de sélection qui seront appliqués.
Enfin, l’absence de mention des protocoles sanitaires et éthiques soulève des interrogations sur la conformité de cette opération aux normes internationales en matière de santé et de protection des données personnelles des patients.
Si cette initiative sino-camerounaise promet d’apporter un soulagement temporaire à de nombreux Camerounais, elle invite également à une réflexion plus large sur les enjeux de la coopération sanitaire internationale et ses implications à long terme pour le système de santé national.
Afric-eco/Etienne MONTHE