Crise des télécoms au Cameroun : MTN pointe du doigt Camtel dans un jeu de accusations croisées

Le secteur des télécommunications au Cameroun est en ébullition.

MTN Cameroon, filiale du géant sud-africain, a lancé une salve d’accusations à l’encontre de Camtel, l’opérateur public, dans un communiqué publié ce samedi. Cette sortie médiatique met en lumière les dysfonctionnements chroniques d’un secteur vital pour l’économie du pays.

Un réseau au bord de la rupture

“Nous connaissons actuellement une double coupure de fibre optique”, déclare MTN, pointant du doigt les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua comme les plus touchées. Cette situation n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un problème bien plus profond.

Selon MTN, depuis le début de l’année, la qualité de la fibre optique fournie par Camtel s’est dégradée de façon désastreuse. L’opérateur privé avance des chiffres alarmants : une augmentation de 40% des coupures par rapport à l’année précédente, avec en août dernier, un pic d’instabilité atteignant plus de deux coupures quotidiennes.

Camtel : un monopole remis en question

Le monopole de Camtel sur la gestion de la fibre optique est au cœur du débat. MTN dénonce non seulement la multiplication des coupures mais aussi l’allongement des délais de résolution, qui auraient augmenté de 30%. Cette situation pose la question de l’efficacité d’un système monopolistique dans un secteur aussi crucial.

Un jeu de ping-pong médiatique

La sortie de MTN fait suite à un communiqué de Camtel du 18 septembre, où l’opérateur public rejetait la faute sur ses concurrents, les accusant d’être responsables de la mauvaise qualité du réseau en raison du nombre élevé de leurs abonnés. MTN qualifie cette déclaration de désinformation, soulignant que blâmer d’autres opérateurs ne résout pas les causes profondes du problème.

L’ART : un régulateur aux abonnés absents ?

Face à cette crise, l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ART) semble avoir tardé à réagir. Ce n’est que le 11 septembre qu’elle a annoncé un audit opérationnel du réseau de Camtel. Les premiers résultats, selon le DG de l’ART, Philémon Zo’o Zame, révèlent un état de dégradation continue de l’infrastructure nationale.

Un secteur en quête de solutions

Cette crise met en lumière les défis structurels du secteur des télécoms au Cameroun. Entre un opérateur public accusé d’inefficacité, des opérateurs privés pointés du doigt pour leur gestion de la demande, et un régulateur apparemment dépassé, c’est tout un écosystème qui semble dysfonctionnel.

La question qui se pose désormais est celle des solutions. Une refonte du cadre réglementaire, une ouverture du marché de la fibre optique à la concurrence, ou encore un plan d’investissement massif dans les infrastructures sont autant de pistes qui mériteraient d’être explorées.

En attendant, ce sont les consommateurs camerounais qui paient le prix fort de ces dysfonctionnements, privés d’un accès fiable à des services de communication devenus essentiels dans un monde de plus en plus connecté.

Afric-eco/Etienne MONTHE

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