Cemac Capital Market Awards : L’actionnariat populaire comme levier de résilience économique en Afrique Centrale
La troisième édition du Cemac Capital Market Awards, organisée par La Lettre SARL, a marqué une étape décisive dans la consolidation du marché financier de la sous-région. Au-delà des récompenses symboliques, l’événement s’est imposé comme une véritable plateforme de réflexion stratégique autour d’un thème fondamental : l’actionnariat populaire en Afrique centrale.

Présidée par Jacqueline Adiaba Nkembe, présidente de la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF), et honorée par la présence de S.E Daniel Gassiki, ambassadeur de la République du Congo au Cameroun, la cérémonie s’est tenue sous le sceau d’une ambition claire : démocratiser l’accès au capital pour catalyser la transformation économique régionale.

Dans un contexte où les taux de bancarisation restent inférieurs à 20 %, et où l’épargne informelle domine, l’actionnariat populaire représente une piste innovante pour mobiliser l’épargne domestique au service de l’investissement productif. Comme l’a souligné Mme Adiaba Nkembe dans son discours, permettre aux citoyens — même modestes — d’accéder à la propriété d’entreprises via la bourse favorise non seulement l’inclusion financière mais renforce aussi la stabilité économique par une répartition plus équitable des richesses.
Cette dynamique, bien qu’embryonnaire, est palpable : au Ghana, environ 1,5 % de la population détient des actions, un chiffre significatif au regard des disparités économiques. L’Afrique du Sud, quant à elle, présente une densité d’actionnaires supérieure à certains pays européens.

L’actionnariat populaire ne relève pas uniquement d’une logique de participation citoyenne. Il s’inscrit dans une vision macroéconomique visant à :
Élargir la base des investisseurs pour assurer une profondeur suffisante du marché des capitaux ;
Réduire la dépendance aux financements extérieurs, souvent coûteux et conditionnés ;
Renforcer la gouvernance des entreprises, en élargissant l’actionnariat au-delà des cercles institutionnels ;
Soutenir les politiques de privatisation, en facilitant l’adhésion populaire.
Le colloque international organisé en marge des Awards a permis de réunir des experts régionaux et internationaux autour de ces problématiques. Parmi les participants, on comptait des représentants de fintechs, d’entreprises de téléphonie mobile, de PME, de régulateurs et d’organisations sous-régionales.

L’émergence des fintechs dans l’écosystème régional offre des perspectives prometteuses. Elles permettent d’atteindre une population jusqu’ici exclue des services financiers classiques, en simplifiant l’accès aux produits d’investissement. Pour autant, leur essor doit s’accompagner d’un cadre réglementaire renforcé, notamment pour éviter les risques de fraudes ou de spéculations incontrôlées, souvent observés avec les plateformes non régulées.
Par ailleurs, l’éducation financière est apparue comme le socle incontournable pour un développement durable de l’actionnariat populaire. Mme Adiaba a insisté sur la nécessité d’une stratégie coordonnée impliquant les États, les entreprises, les médias spécialisés et les institutions régionales.
La Lettre SARL : un acteur stratégique au service du marché

À travers l’organisation de ces Awards et la publication régulière de La Lettre de la Bourse, La Lettre SARL s’impose comme un vecteur central de diffusion de la culture financière en Afrique centrale. Son engagement dans la vulgarisation des marchés, la communication financière des entreprises et la formation des investisseurs fait d’elle une interface stratégique entre les émetteurs, les investisseurs et le grand public.
Comme l’a affirmé Salomon Epalle Douala, PDG de La Lettre SARL, « La transformation de nos économies ne pourra se faire sans une culture boursière forte et inclusive. Notre rôle est d’être le pont entre la finance et la société. »
Vers une pérennisation du Capital Market Award ?
Face aux enjeux colossaux que représente le développement d’un marché de capitaux robuste, transparent et inclusif, la pérennisation du Cemac Capital Market Awards semble non seulement souhaitable, mais indispensable. L’initiative contribue activement à construire un environnement financier plus mature, capable de soutenir les ambitions de croissance durable des pays de la CEMAC.
Le Cemac Capital Market Awards, en posant les jalons d’un débat profond sur l’actionnariat populaire, s’inscrit dans cette dynamique transformatrice.
Afric-eco/Étienne MONTHE