Afrique Centrale : vers une politique régionale du commerce électronique

La CEEAC élabore une politique régionale pour structurer et réguler le commerce électronique, moteur de croissance et d’intégration économique.

Les 23 et 24 septembre 2025, la capitale économique camerounaise accueille un atelier consacré à l’examen et à la validation de l’avant-projet de politique régionale pour le développement du commerce électronique en Afrique centrale. Un tournant économique majeur pour la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), dans un contexte de digitalisation accélérée du commerce mondial.

Face à l’essor mondial du commerce électronique qui représente désormais près d’un quart des échanges commerciaux à l’échelle planétaire l’Afrique centrale amorce une transition stratégique. Experts, représentants des gouvernements, du secteur privé et des organes de régulation sont réunis à Douala pour poser les fondations d’une politique communautaire ambitieuse.

Une réponse à un impératif global

Jacob Kotcho, Directeur du Marché Commun à la CEEAC, souligne l’enjeu :

« Aujourd’hui à l’échelle planétaire, le commerce électronique n’est plus un phénomène marginal. Il est donc indispensable pour notre espace communautaire de s’arrimer à cette mouvance mondiale. »

L’atelier de Douala n’est pas une simple rencontre technique. Il marque la première étape d’un processus régional de structuration économique, visant à doter l’Afrique centrale d’un cadre réglementaire, stratégique et opérationnel capable d’accompagner l’essor du commerce numérique.

Une dynamique inclusive pour un levier de croissance

Le commerce électronique, bien au-delà de la simple vente en ligne, représente un levier de développement pour les économies locales, les PME et les start-up numériques. Il ouvre également de nouvelles perspectives en matière d’intégration régionale, de modernisation des infrastructures et d’inclusion financière.

« Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est poser les bases d’un processus inclusif », insiste Jacob Kotcho. « Nous veillons à ce que le document intègre les préoccupations de toutes les parties prenantes : secteur privé, régulateurs nationaux, ministères compétents. »

Une démarche participative, essentielle pour garantir l’appropriation et l’efficacité des futures politiques.

Vers l’harmonisation des cadres juridiques et techniques

À l’instar de l’Union européenne ou de la zone ASEAN, la CEEAC ambitionne une harmonisation des cadres juridiques pour faciliter les échanges électroniques transfrontaliers, renforcer la protection des consommateurs, lutter contre la cybercriminalité et stimuler les investissements dans l’économie numérique.

La prochaine étape sera la validation du document par les comités techniques spécialisés, avant son examen par le Conseil des ministres et son adoption finale par la Conférence des Chefs d’États.

« Les politiques que nous élaborons au niveau communautaire doivent être des instruments de travail pour les opérateurs économiques et les régulateurs », rappelle Jacob Kotcho. « Nous ne pouvons les bâtir sans les consulter. »

Un signal fort pour les investisseurs et les partenaires au développement

En se dotant d’un cadre régional cohérent, l’Afrique centrale adresse également un message clair aux bailleurs internationaux et aux acteurs privés : le numérique est désormais une priorité stratégique pour l’intégration économique et le développement durable de la région.

Alors que les pays membres de la CEEAC cherchent à diversifier leurs économies, le commerce électronique apparaît comme un vecteur clé de transformation, capable de générer de nouveaux emplois, de moderniser les chaînes de valeur et de renforcer la compétitivité régionale sur la scène internationale.

L’atelier de Douala pourrait ainsi marquer un tournant dans la trajectoire numérique de l’Afrique centrale. Reste à transformer cette volonté politique en actions concrètes, pour que le commerce électronique devienne un pilier effectif de la croissance inclusive dans la région.

Afric-eco/Nathalie MENGATA

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