Notation souveraine : S&P maintient le Cameroun à “B-/B”, mais la prudence est de mise
Standard & Poor’s a tranché. L’agence de notation américaine maintient la note souveraine du Cameroun à “B-/B”, avec une perspective stable. Un verdict rassurant ? Pas totalement. Car derrière cette stabilité de façade, S&P met en lumière des fragilités bien réelles.
Une économie qui résiste… grâce à ses ressources
Le Cameroun peut compter sur des secteurs porteurs : exploitation minière, bois, cacao, agriculture… et surtout le gaz naturel liquéfié (GNL), qui prend le relais d’un pétrole en déclin.
Avec un soutien financier constant du FMI, notamment un programme de 838 millions de dollars signé en 2021, le pays a pu garder le cap.
Mais une stabilité sous tension
S&P ne mâche pas ses mots : la stabilité est fragile.
Le Cameroun reste trop dépendant de ses exportations d’hydrocarbures, exposées aux caprices du marché mondial.
Et le changement climatique menace directement l’agriculture, qui fait vivre près de deux Camerounais sur trois.
Politique : un climat sous pression
Autre point d’inquiétude : l’incertitude institutionnelle.
Le président Paul Biya, 92 ans, est aux commandes depuis 1982… et pourrait se représenter pour un huitième mandat en octobre 2025. Une situation inédite qui renforce les doutes sur l’avenir politique du pays.
La crise dans les régions anglophones, bien que moins violente, continue de peser sur les dépenses publiques, au détriment des investissements de long terme.
La note peut-elle être relevée ?
Oui, répond S&P, mais à certaines conditions :
Hausse durable des prix des matières premières
Maîtrise renforcée des finances publiques
Réformes économiques plus ambitieuses
L’agence souligne que le déficit budgétaire est contenu (1 % du PIB d’ici 2028) et salue la réduction progressive des subventions aux carburants.
Des réformes essentielles pour tenir le cap
Le Cameroun doit impérativement investir dans ses infrastructures, notamment dans le secteur de l’électricité. Le barrage de Nachtigal est un pas dans la bonne direction, mais les résultats se feront attendre.
Autres urgences :
Climat des affaires à améliorer
Gouvernance plus rigoureuse
Digitalisation fiscale et élargissement de l’assiette : des chantiers prometteurs, mais encore à concrétiser.
Un géant régional dans une zone fragile
Membre clé de la CEMAC, le Cameroun bénéficie d’un filet régional grâce aux réserves partagées.
Mais la dépendance collective au pétrole fragilise toute la sous-région.
Lors du sommet de décembre 2024, Paul Biya alertait ses homologues sur la nécessité de renforcer la résilience économique de l’union monétaire.
S&P confirme : la stabilité de la zone CEMAC est un enjeu stratégique pour le Cameroun, qui en représente plus de 40 % du PIB.
En résumé :
Le Cameroun reste noté “B-/B”, mais la vigilance est de mise. Pour espérer une amélioration, le pays doit transformer ses fragilités en leviers : diversification, discipline budgétaire, et ouverture politique.
Afric-eco / Nathalie MENGATA. Source : Africa news


