Séminaire sur la Réglementation des Changes en Zone CEMAC : Un Défi de Conformité et de Stabilité Financière

La capitale économique camerounaise Douala, a accueilli le 5 février 2025, un séminaire de vulgarisation sur la réglementation des changes en zone CEMAC, un rendez-vous crucial pour les opérateurs économiques, les banques et les intermédiaires financiers. Organisé sous l’égide du ministère des Finances et de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), cet événement visait à renforcer l’application stricte des règles monétaires afin de garantir la stabilité financière de la sous-région.

Un Rappel des Enjeux Réglementaires

Depuis la réforme de 2018, la réglementation des changes en zone CEMAC s’est renforcée afin de stabiliser les réserves de change. Selon Éric Pokem, Sous-Directeur des Changes et des Transferts à la Direction Générale du Trésor de la coopération Financière et Monétaire du Ministère des Finances, ce cadre réglementaire est une réponse aux crises passées qui ont fragilisé les économies de la sous-région. Il rappelle que :

Éric Pokem, Sous-Directeur des Changes et des Transferts à la Direction Générale du Trésor de la coopération Financière et Monétaire du Ministère des Finances

« En 2016, après la conférence des chefs d’État, nos réserves de change étaient tombées à 2,3 mois d’importations. Grâce aux nouvelles réglementations, nous avons atteint 4,6 mois en 2023. Cependant, en décembre dernier, nous avons observé une légère baisse à 4,3 mois. L’objectif reste d’atteindre 5 mois d’importations, ce qui impose une vigilance accrue. »

Ainsi, ce séminaire ne se limite pas à un simple rappel des règles, mais constitue aussi une incitation à plus de conformité pour les acteurs économiques.

Les Défaillances des Intermédiaires Financiers : Un Frein à la Réglementation

L’un des points sensibles évoqués lors des discussions a été la fragilité du système des bureaux de change, accusés de manquer de devises et de favoriser le marché noir. Les contraintes d’importation de devises, notamment en dollars, poussent ces établissements à se tourner vers des sources alternatives comme les voyageurs, alimentant ainsi les circuits clandestins. Une situation qui complique le travail des autorités monétaires et affaiblit le contrôle sur les flux financiers.

Dans le secteur bancaire, les manquements concernent surtout le suivi des déclarations. Des opérations de transferts de fonds à l’étranger ne sont pas toujours correctement déclarées, ce qui affecte la constitution des réserves de change. Éric Pokem insiste sur la nécessité pour les banques d’être plus rigoureuses :

« Un opérateur économique qui investit en dehors de la zone CEMAC doit rapatrier ses gains. Si cela n’est pas fait, nous devons être informés. Or, certains flux échappent encore à la surveillance, ce qui impacte notre capacité à constituer nos réserves. »

Vers une Stricte Application des Normes de Change

Face à ces défis, la conférence a insisté sur plusieurs mesures prioritaires :

Une meilleure supervision des bureaux de change pour limiter les pratiques informelles et améliorer l’accès aux devises officielles.

Un renforcement des obligations déclaratives des banques, notamment sur les investissements à l’étranger et le rapatriement des recettes d’exportation.

Un contrôle accru de la COBAC (Commission Bancaire de l’Afrique Centrale) pour identifier et sanctionner les infractions des établissements financiers.

Un Séminaire aux Accents de Sensibilisation et d’Engagement

Ce séminaire a mis en avant la nécessité pour les acteurs économiques de s’aligner aux exigences réglementaires. Il a également souligné le rôle du Cameroun, moteur économique de la sous-région, qui détient plus de 50 % des réserves de change de la CEMAC.

L’issue de ces échanges pose une question essentielle : les réformes réglementaires pourront-elles être appliquées efficacement ? Si la volonté politique est affichée, la capacité des banques et des intermédiaires financiers à se conformer reste un défi majeur.

L’avenir de la stabilité financière en zone CEMAC dépendra donc de la rigueur dans l’application de ces règles et du suivi des engagements pris lors de ce séminaire.

Afric-eco/Etienne MONTHE

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