Niger : camouflet diplomatique pour une délégation américaine de haut niveau

C’est un camouflet diplomatique cinglant que le Niger a infligé à la délégation américaine de haut niveau conduite par Molly Phee, sous-secrétaire d’État américaine chargée de l’Afrique. Attendue le 12 mars pour des discussions cruciales avec la junte militaire au pouvoir, la délégation, accompagnée du général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), et de Celeste Wallander, secrétaire adjointe à la défense pour les affaires de sécurité internationale, s’est vue contrainte de repartir bredouille dès le lendemain soir.

Officiellement, le motif de ce départ précipité reste flou. Le communiqué laconique du ministère nigérien des Affaires étrangères évoque un report de la visite à une date ultérieure, sans fournir d’explications précises.

Cependant, selon des sources concordantes, le refus du nouvel homme fort du Niger, le général Mohamed Bazoum, de rencontrer la délégation américaine serait à l’origine de cette humiliation diplomatique. Cette décision radicale traduit la volonté du régime militaire de marquer sa souveraineté et de réaffirmer son indépendance vis-à-vis des puissances occidentales.

En toile de fond de cette tension diplomatique, se pose la question cruciale de l’avenir du partenariat entre le Niger et les États-Unis, notamment en matière de sécurité et de développement. La présence militaire américaine au Niger est d’une importance capitale dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Le pays abrite en effet la base aérienne de Niamey, utilisée par les drones américains pour des opérations antiterroristes.

Le camouflet infligé à la délégation américaine risque de fragiliser davantage ce partenariat stratégique et d’encourager la junte militaire à se tourner vers d’autres partenaires, comme la Russie ou la Chine, qui ne font pas de la démocratie et des droits humains une condition sine qua non de leur coopération.

La balle est désormais dans le camp des États-Unis. Washington devra trouver un moyen de désamorcer cette crise diplomatique et de renouer le dialogue avec le régime nigérien, si elle souhaite maintenir son influence dans ce pays stratégique et contribuer à la stabilité du Sahel.

En attendant, ce camouflet diplomatique sonne comme un avertissement pour les puissances occidentales : l’Afrique n’est plus un terrain de jeu où elles peuvent dicter leur loi. Les pays africains, à l’instar du Niger, aspirent à une relation d’égal à égal et exigent le respect de leur souveraineté.
Afric-eco/Etienne MONTHE

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