Camtel : La fibre optique, un leurre ?

Camtel, l’opérateur public des télécommunications au Cameroun, fait face à des critiques croissantes concernant la qualité de ses services.

Dans un récent communiqué, la directrice générale, Judith Yah Sunday, a attribué les interruptions de service à des actes de vandalisme, à des aléas énergétiques et aux chantiers de travaux publics. Cette défense soulève des questions quant à la gestion et à la résilience des infrastructures de l’entreprise.

Dans ses déclarations, Judith Yah Sunday a insisté sur les mesures prises pour renforcer la sécurité des infrastructures, notamment l’intégration du réseau de fibre optique avec celui d’Eneo, le fournisseur d’électricité du pays. « Même si notre câble est coupé, les communications basculent automatiquement sur le câble de haute tension d’Eneo », a-t-elle assuré. Cependant, cette affirmation ne doit pas masquer les réelles préoccupations des usagers, qui continuent de faire face à des interruptions fréquentes et à une qualité de service discutable.

Camtel revendique une capacité à solidifier l’infrastructure nationale grâce à ses quatre câbles sous-marins et un backbone national terrestre reliant les dix régions du pays. Bien que cela semble prometteur, la question demeure : ces infrastructures sont-elles véritablement à la hauteur des enjeux de connectivité actuels ? Les nombreuses plaintes d’utilisateurs concernant des connexions lentes et instables mettent en lumière un fossé entre les promesses de l’entreprise et l’expérience utilisateur réelle.

Avec un réseau de 12 000 km de fibre optique, Camtel a également engagé des partenariats avec Camwater et envisage de collaborer avec Camrail pour une meilleure couverture. Cependant, ces initiatives soulèvent des interrogations sur leur efficacité. L’intégration de ces infrastructures est-elle suffisante pour garantir une connectivité fiable dans un pays où les besoins en communication ne cessent de croître ?

Le datacenter de Zamengoe, soutenu par Huawei, est présenté comme un atout technologique majeur. Toutefois, il reste à prouver que ce centre pourra réellement améliorer la situation, surtout au regard des défis rencontrés par l’opérateur. La promesse d’étendre le réseau de fibre optique de 4 000 km supplémentaires est ambitieuse, mais cela suffira-t-il à transformer la réalité du terrain ?

La récente annonce de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) concernant un audit opérationnel du réseau national à fibre optique de Camtel souligne une nécessité pressante de transparence et d’amélioration. Les utilisateurs méritent des réponses concrètes face à une dégradation continue de la qualité des services de communications électroniques mobiles, qui touche également les opérateurs privés comme MTN Cameroon et Orange Cameroun.

En définitive, Camtel se retrouve à un tournant critique. Alors que l’opérateur public déploie des efforts pour moderniser ses infrastructures, les utilisateurs attendent des résultats tangibles. Les défis auxquels fait face Camtel ne relèvent pas seulement de la technique, mais aussi d’une nécessité de responsabilité envers ses clients. La transformation numérique du Cameroun dépend de la capacité de l’entreprise à répondre à ces enjeux de manière efficace et transparente.

Afric-eco/Etienne MONTHE

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