Finance : La Cobac freine le transfert des avoirs en déshérence, impactant la liquidité du secteur bancaire camerounais
Dans une décision inattendue, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a ordonné la suspension temporaire du transfert des avoirs en déshérence vers la Caisse des dépôts et consignations (Cdec) du Cameroun. Cette directive, communiquée le 11 juillet par Marcel Ondélé, secrétaire général de la Cobac, pourrait avoir des répercussions significatives sur la liquidité et la gestion financière des banques et institutions de microfinance camerounaises.
L’enjeu est de taille : plus de 21 milliards de FCFA d’avoirs en déshérence étaient en cours de transfert vers la Cdec par des acteurs majeurs du secteur financier, dont Allianz Cameroun, la Banque des États d’Afrique centrale (Beac), et plusieurs banques commerciales de premier plan. Cette suspension met en pause un flux financier important, obligeant les institutions à conserver ces fonds dans leurs bilans.
Du point de vue macroéconomique, cette décision soulève des questions sur l’efficacité de l’allocation des ressources financières dans l’économie camerounaise. Les avoirs en déshérence, normalement destinés à être réinjectés dans l’économie via la Cdec, resteront temporairement immobilisés dans les coffres des banques, potentiellement réduisant la capacité d’investissement public.
Pour les institutions financières, cette situation pourrait engendrer des coûts supplémentaires liés à la gestion prolongée de ces fonds, tout en impactant leurs ratios de liquidité. Les banques devront ajuster leurs stratégies de gestion d’actifs à court terme, ce qui pourrait influencer leurs politiques de prêts et d’investissements.
La Cobac justifie sa décision par l’absence d’un cadre réglementaire communautaire clairement défini au sein de la CEMAC. Cette lacune réglementaire expose le secteur à des risques opérationnels et juridiques potentiellement coûteux. Le régulateur a annoncé l’engagement de travaux visant à établir un cadre communautaire pour le traitement des avoirs en déshérence, soulignant l’importance de préserver la stabilité financière dans la CEMAC” et de “maîtriser les risques opérationnels.
Cette situation met en lumière les défis de l’harmonisation réglementaire dans la zone CEMAC et son impact sur l’efficience des marchés financiers régionaux. Elle souligne également l’importance d’un cadre juridique robuste pour soutenir le développement du secteur financier et faciliter la mobilisation des ressources dormantes au profit de l’économie réelle.
En attendant la mise en place de ce cadre réglementaire, les acteurs du secteur financier camerounais devront faire preuve d’agilité dans leur gestion financière, tout en restant vigilants quant aux opportunités et risques que cette situation pourrait engendrer.
Etienne MONTHE