Ghana : Le Combat pour les Finances vs. les Droits des lesbiennes, gais, bisexuels, trans, queer et autres (LGBTQ)
La scène politique au Ghana est en ébullition alors que la Cour suprême du pays se penche sur une loi controversée réprimant l’homosexualité.
L’attention du pays est rivée sur les audiences de la Cour suprême, qui devaient être diffusées en direct à la télévision, démontrant ainsi l’ampleur du débat qui divise la nation, notamment à l’approche des élections présidentielles prévues en décembre.
Cependant, les débats ont été temporairement interrompus, les juges exhortant un plaignant à retravailler ses arguments pour être plus respectueux et techniques. Cette loi draconienne prévoit des peines sévères allant jusqu’à cinq ans de prison pour les lesbiennes, gais, bisexuels, trans, queer et autres (LGBTQ) et même des peines pour ceux qui ne les dénoncent pas.
Bien que la loi ait été adoptée sans opposition significative des principaux partis politiques, le président Nana Akufo Ado a choisi de consulter la Cour suprême avant de la promulguer, conscient des répercussions potentielles sur le soutien financier crucial de la Banque mondiale.
Le Ghana est déjà aux prises avec une crise de la dette, rendant le soutien de la Banque mondiale vital. Cependant, cette loi anti-LGBTQ va à l’encontre des principes et des conditions imposées par le bailleur international, risquant de conduire à la suspension des financements.
La Banque mondiale a déjà agi par le passé en suspendant ses versements à des pays adoptant des lois similaires, comme l’Ouganda. Le Ghana risque de perdre un prêt de 3,8 milliards de dollars ainsi que d’autres financements, comme ceux du FMI.
De plus, la réaction des partenaires européens du Ghana, telle que l’Allemagne, pourrait également être défavorable, mettant encore plus de pression sur le pays pour reconsidérer sa position.
Cette crise soulève des questions fondamentales sur la balance entre les valeurs morales et les nécessités financières. Le Ghana est confronté à un choix difficile : céder sur ses valeurs pour garantir un soutien financier vital ou risquer l’isolement économique en restant fidèle à ses principes.
Quelle que soit la décision prise, elle sera scrutée de près non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde entier, alors que de nombreux pays africains sont confrontés à des défis similaires en matière de financement et de valeurs.
Emile Ngaleu