Cacao : Le Cameroun, grand producteur mais petit joueur sur le marché mondial ?

Le 20 septembre 2024, le Cameroun a été désigné à l’unanimité pour prendre la présidence du Conseil International du Cacao (ICCO) pour la campagne 2024/2025. Cette annonce, relayée par le Ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, soulève des questions sur la réalité des progrès du pays dans le secteur cacaoyer.

Une reconnaissance internationale à nuancer

Si cette nomination est présentée comme une reconnaissance des efforts du Cameroun en faveur des producteurs de cacao, il convient de rappeler que la présidence de l’ICCO est rotative. Cette distinction pourrait donc être plus symbolique que méritocratique.

Des chiffres prometteurs, mais à contextualiser

Le Ministre du Commerce a récemment annoncé la signature d’un contrat d’achat entre un opérateur majeur de l’industrie chocolatière et une coopérative locale, pour un prix bord-champ de 5.200 FCFA/kg. Cependant, l’absence de détails sur l’identité de l’acheteur et le volume concerné invite à la prudence quant à la portée réelle de cet accord.

Une progression dans le classement mondial à relativiser

Le Cameroun est passé de la 6e à la 4e place des pays exportateurs de cacao en 2023, avec 7,6% des parts du marché mondial. Cette progression s’explique en partie par une augmentation de 12,7% des exportations. Toutefois, il est important de noter que :

  1. Le volume total exporté a diminué de 55 445 tonnes par rapport à 2022.
  2. L’augmentation des revenus d’exportation (+12,9%) est principalement due à la hausse du prix du cacao sur le marché international (+21,2%), et non à une amélioration de la productivité camerounaise.

Une dépendance inquiétante envers les Pays-Bas

73,8% des exportations de cacao camerounais sont destinées aux Pays-Bas. Cette concentration géographique expose le pays à des risques économiques importants en cas de fluctuations du marché néerlandais.

Malgré ces apparents succès, plusieurs questions demeurent :

  1. Quelle est la part réelle des revenus qui revient aux producteurs locaux ?
  2. Comment le Cameroun compte-t-il améliorer sa productivité face à la baisse du volume exporté ?
  3. Quelles stratégies sont mises en place pour diversifier les destinations d’exportation et réduire la dépendance envers les Pays-Bas ?

Si la nomination du Cameroun à la présidence de l’ICCO et sa progression dans le classement mondial des exportateurs sont des signes positifs, ils ne doivent pas masquer les défis structurels auxquels le secteur cacaoyer camerounais reste confronté. La véritable mesure du succès se traduira par une amélioration durable des conditions de vie des producteurs locaux et une diversification des marchés d’exportation.

Afric-eco/Etienne MONTHE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *