CEMAC : vers une refonte de la politique d’investissement
Experts et décideurs planchent sur la validation de l’Examen des Politiques d’Investissement, en vue d’attirer davantage de capitaux dans la sous-région.
Depuis ce lundi 27 octobre 2025, la capitale économique du Cameroun est le théâtre d’une rencontre régionale stratégique. Trois jours durant, Douala accueille l’Atelier régional de présentation et de validation de l’Examen des Politiques d’Investissement (EPI) de la CEMAC. Une initiative qui vise à adapter le cadre réglementaire de la sous-région aux exigences d’un marché mondial en constante mutation, dans un contexte de recul des flux d’investissements directs étrangers.
En ouvrant les travaux, Annie Laurence Nyama Ortiz, Directrice du Commerce et de la Concurrence à la Commission de la CEMAC, a rappelé l’importance de ce rendez-vous pour l’avenir économique des six États membres. Elle a insisté sur le rôle essentiel que joue l’harmonisation des politiques d’investissement dans la construction d’un marché commun dynamique et compétitif.
« Vos contributions sont indispensables pour garantir que le rapport final reflète les réalités et intérêts de nos États membres. Ce document constituera la base de la révision de notre Charte Communautaire des Investissements », a-t-elle souligné, au nom du Président de la Commission de la CEMAC, S.E. Baltasar Enonga Edjo’o.
Selon la Commission, cette révision apparaît urgente. Les performances de la CEMAC en matière d’attraction des capitaux ont chuté : 4 milliards de dollars d’IED en 2024 contre 7,4 milliards en 2019, malgré une moyenne améliorée durant la période 2020-2024. Une baisse attribuée aux tensions géoéconomiques, au ralentissement de la confiance des investisseurs et à la concentration des flux sur quelques marchés africains émergents.
Une expertise internationale pour des réformes ambitieuses
Cet atelier est organisé avec l’assistance technique de l’ONU Commerce et Développement (CNUCED), représentée par Mme Chantal Dupasquier, Cheffe des Examens des politiques d’investissement.
Elle rappelle que l’enjeu n’est pas uniquement quantitatif :
« Nous devons favoriser des investissements plus qualitatifs, porteurs de valeur ajoutée et contribuant aux Objectifs de développement durable », a-t-elle insisté.
Les travaux s’appuient sur une analyse approfondie des dispositifs existants : fiscalité, concurrence, création d’entreprises, cadre juridique et réglementaire pour les investisseurs. À travers des options de réforme graduées, l’EPI ambitionne de renforcer la transparence, la compétitivité et l’attractivité de la CEMAC.
Aligner la législation régionale sur les besoins des économies
En marge des travaux, nous avons recueilli les propos de Mme Nyama Ortiz, qui précise les attentes de la Commission :
« L’objectif est que ce rapport soit validé, que les États apportent leurs observations, afin que la CEMAC, en collaboration avec la CNUCED, puisse réviser la Charte existante et élaborer un nouveau cadre normatif pour les investissements dans la sous-région. »
Une fois adopté, le document servira de feuille de route pour des réformes structurelles majeures, destinées notamment à faciliter l’implantation d’entreprises, réduire les obstacles fiscaux et administratifs, et encourager la concurrence loyale.
Perspectives
Avec des secteurs porteurs tels
que l’énergie renouvelable, la transformation industrielle et les services numériques, la CEMAC espère repositionner ses économies dans la compétition mondiale. L’enjeu est clair : faire de l’intégration régionale un levier d’attraction des capitaux privés et un moteur durable de croissance.
Les conclusions attendues le 29 octobre pourraient ainsi marquer un tournant décisif vers une politique d’investissement modernisée, plus adaptée aux ambitions économiques de la sous région.
Afric-eco/Nathalie MENGATA


