Biologie clinique : le Cameroun place l’innovation au cœur des soins de santé

La capitale économique du Cameroun accueille, du 3 au 5 septembre, la 3e édition du Congrès de la Société Camerounaise de Biologie Clinique (SCB). Une rencontre scientifique de haut niveau qui rassemble médecins, pharmaciens biologistes et experts internationaux autour d’un enjeu majeur : comment adapter les innovations technologiques en biologie médicale à un pays à ressources limitées ?

Un enjeu de santé publique au cœur du débat

Face à des défis structurels persistants — sous-financement du système de santé, diagnostic tardif, pénurie de matériel — les biologistes camerounais veulent inverser la tendance. Pour le professeur NGABA Guy Pascal, membre du comité d’organisation :

« Ce congrès est une plateforme d’échange. Nous discutons des défis, mais surtout des solutions technologiques réalistes et durables. Il faut adapter la biologie médicale à nos réalités. »

L’ambition est claire : rendre accessible une biologie de qualité, même dans des contextes où les moyens font défaut. Une ambition partagée par les participants venus de tout le continent africain, et au-delà.

Des innovations à portée économique

Lors de la cérémonie d’ouverture, le professeur ABSALOM Monde, modérateur, a mis en lumière l’importance d’une médecine de précision et économiquement soutenable :

« Des biomarqueurs ont été présentés pour la prise en charge des traumatismes crâniens légers. Cela permettrait d’éviter des scanners systématiques coûteux. Un tri intelligent fondé sur des données biologiques, cliniques et de risque permettrait de réduire les coûts tout en améliorant les soins. »

Une telle approche permettrait, selon les experts, de désengorger les hôpitaux, tout en orientant les ressources vers les cas les plus urgents.

Des perspectives prometteuses pour les hôpitaux spécialisés

Le professeur Lendoye Élisabeth, modératrice venue du Gabon, a partagé son expérience :

« Nous avons des hôpitaux thématiques spécialisés dans les traumatismes et les démences. Les nouveaux biomarqueurs présentés ici sont prometteurs pour améliorer la prise en charge, notamment chez les mères et les enfants. »

Elle insiste également sur l’enjeu des pathologies mentales, souvent négligées :

« Les biomarqueurs ouvrent la voie à un meilleur diagnostic des démences, ce qui pourrait transformer la prise en charge des patients marginalisés. »

L’appel à l’intégration de l’intelligence artificielle

La présidente de la SCB, le professeur Amar MOOR Vcky, a conclu la première journée en mettant l’accent sur l’avenir de la biologie clinique au Cameroun :

« Nous voulons nous aligner sur les pays du Nord, en intégrant des technologies de pointe. L’intelligence artificielle peut aider à poser des diagnostics rapides et fiables. Cela réduit le temps de passage aux urgences, améliore la qualité des soins, et optimise les coûts. »

Un discours ambitieux mais pragmatique, dans un contexte où la transformation numérique des laboratoires est encore à ses balbutiements.

Vers une biologie équitable et efficiente

Ce congrès se veut plus qu’un simple rendez-vous scientifique. Il marque une prise de conscience collective : la biologie médicale, bien que technique, est un levier central pour améliorer la santé publique et maîtriser les dépenses de santé.

À l’issue des trois jours de débats, la SCB espère formuler des recommandations concrètes à l’intention des autorités sanitaires, pour une biologie de proximité, efficace, économiquement soutenable et centrée sur le patient.

Afric-eco/Nathalie MENGATA

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