Collaboration CCIMA-BEAC : Promesses ambitieuses et défis persistants pour l’économie camerounaise

Le 18 juillet 2024, une rencontre entre la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) et la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a suscité un optimisme prudent quant à l’avenir économique du Cameroun. Cependant, derrière les annonces prometteuses, des questions cruciales demeurent.

Un guichet spécial : solution miracle ou pansement temporaire ?

L’introduction d’un “guichet spécial pour le refinancement” par la BEAC, offrant jusqu’à 60% de facilités de crédit, est présentée comme une avancée majeure. Christophe Eken, président de la CCIMA, n’hésite pas à parler de “révolution”. Pourtant, plusieurs interrogations subsistent :

  1. Critères d’accessibilité : Quelles entreprises pourront réellement bénéficier de ce mécanisme ?
  2. Durabilité : S’agit-il d’une solution à long terme ou d’une mesure temporaire ?
  3. Risques de dépendance : Ce système ne risque-t-il pas de créer une dépendance des entreprises envers les facilités de crédit ?

La fuite des capitaux : un combat de titans

La perte annuelle de 1000 milliards de FCFA due à la fuite des capitaux est alarmante. La volonté affichée de collaboration entre la BEAC et la CCIMA pour lutter contre ce phénomène est louable, mais soulève des questions :

  • Quelles mesures concrètes seront mises en place ?
  • Comment garantir l’efficacité de cette lutte sans entraver la liberté économique ?
  • Le secteur privé dispose-t-il réellement des moyens pour influencer ces flux financiers ?

La CCIMA au CNEF : participation accrue ou simple figure de style ?

L’intégration renforcée de la CCIMA au sein du Comité National Économique et Financier (CNEF) est présentée comme une avancée majeure. Cependant, il convient de s’interroger :

  • Cette participation se traduira-t-elle par un véritable pouvoir décisionnel ?
  • Comment éviter les conflits d’intérêts potentiels entre le rôle consultatif de la CCIMA et son implication dans les décisions économiques ?
  • Cette intégration ne risque-t-elle pas de diluer la voix indépendante du secteur privé ?

Un optimisme à tempérer

Si cette rencontre marque indéniablement une volonté de changement, il est crucial de rester vigilant. Les promesses de collaboration renforcée et de nouveaux mécanismes financiers doivent être suivies d’actions concrètes et mesurables.

Entre espoir et réalisme

La collaboration entre la CCIMA et la BEAC ouvre certes des perspectives intéressantes pour l’économie camerounaise. Néanmoins, seule une mise en œuvre transparente, équitable et efficace de ces mesures pourra véritablement transformer ces promesses en réalité économique tangible pour les entreprises et les citoyens camerounais.

L’avenir dira si cette rencontre historique marquera effectivement un tournant dans l’histoire économique du Cameroun ou si elle restera un simple effet d’annonce dans un paysage économique en quête de renouveau.

Afric-eco/Steve Loïc TCHEUKO

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