La RDC franchit un nouveau jalon économique avec la visite du FMI à Kinshasa
Depuis mercredi, une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) est présente à Kinshasa pour conduire la sixième revue du programme triennal en collaboration avec les autorités gouvernementales. Cette étape revêt une importance capitale, marquant la première fois que la République Démocratique du Congo (RDC) parvient à cette évaluation sans incident majeur avec l’instance financière internationale.
La réussite de cette évaluation témoigne des progrès significatifs réalisés par le pays depuis 2020, où il a triplé à la fois ses recettes intérieures et ses ressources extérieures. Ces avancées ont notamment permis une augmentation notable du nombre de fonctionnaires, passant de 1,2 million à 1,6 million, avec une hausse moyenne des salaires de 53% en valeur réelle depuis 2019. De plus, la caisse de retraite pour la fonction publique a vu son nombre d’affiliés augmenter de manière substantielle, passant de 190 000 à plus d’un million de personnes.
Cependant, malgré ces progrès encourageants, le revenu moyen par habitant demeure modeste, soulignant ainsi l’importance d’une gestion rigoureuse des dépenses publiques. Le FMI reste donc préoccupé par l’équilibre des dépenses, en particulier dans le contexte des importantes dépenses militaires et de sécurité. Ces dernières années, les dépenses liées à la sécurité et à l’humanitaire ont augmenté de manière significative, représentant respectivement 15% en 2022 et 22% en 2023, et atteignant déjà 27% pour le premier trimestre de 2024. Cette tendance souligne la nécessité pour le pays de revoir sa stratégie budgétaire afin de garantir une allocation efficace des ressources.
Dans cette optique, le principal défi de cette sixième revue du programme consiste à renforcer le contrôle de la gestion budgétaire et de la trésorerie, en tenant compte des dépenses prioritaires tout en assurant la stabilité économique. Les discussions en cours entre l’équipe du FMI et les autorités congolaises mettent ainsi l’accent sur la nécessité de rationaliser les dépenses publiques, notamment celles liées au fonctionnement des institutions étatiques.
À cet égard, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a souligné la volonté du gouvernement de poursuivre ses efforts en matière de gestion budgétaire. Des mesures visant à réduire les dépenses de fonctionnement des institutions étatiques sont déjà en cours et pourraient être renforcées suite aux discussions avec le FMI.
Si les résultats de cette évaluation sont jugés satisfaisants, le décaissement potentiel de plus de 200 millions de dollars pourrait représenter une injection vitale pour l’économie congolaise, contribuant ainsi à soutenir sa croissance et son développement à long terme.
Steve Loïc TCHEUKO